JE VOUS SOUHAITE D'ÊTRE FOLLEMENT AIMÉE
22/05/2016 00:00L’essence même de JE VOUS SOUHAITE D’ÊTRE FOLLEMENT AIMÉE réside dans les petits détails de la réalisation d’Ounie Lecomte. »
Dans JE VOUS SOUHAITE D’ÊTRE FOLLEMENT AIMÉE, la grande qualité de la réalisatrice se note dans le sentiment étrange qu’elle parvient à créer par rapport à son actrice principale. Si à la première image de Céline Sallette on reconnait son visage, la seconde nous la montre de dos, tandis qu’elle entame ses premiers dialogues. Seulement quelque chose nous fait dire que ce n’est pas Céline Sallette. Ce n’est pas sa voix semble-t-il. A croire qu’il s’agit d’une autre interprète. D’une jeune fille peut-être, encore nouvelle, porteuse d’une incertitude dans sa voix. On suppose un travail très particulier entre l’actrice et la réalisatrice pour trouver cette intonation et ce timbre de voix si particuliers. Preuve du talent inestimable de Céline Sallette après l’apparition, enfin, de son visage.
Passée cette première séquence au cours de laquelle son personnage d’Elisa tente de retrouver la trace de sa mère biologique mais doit faire face à une administration impuissante – sa mère refusant que son nom ne soit dévoilé -, nous voilà transporté 6 mois plus tard à Dunkerque. L’aura de petite fille qui se dégageait de Céline Sallette a laissé la place à une femme et une mère – en soutien-gorge, remettant son chemisier avant qu’apparaisse un enfant, son fils. L’essence même de JE VOUS SOUHAITE D’ÊTRE FOLLEMENT AIMÉE réside alors dans ces petits détails qui se dégagent de la réalisation d’Ounie Lecomte. Des éléments qui permettent de construire de manière subtile la psychologie de ses personnages et de les rendre d’autant plus sensibles.
« L’essence même de JE VOUS SOUHAITE D’ÊTRE FOLLEMENT AIMÉE réside dans les petits détails de la réalisation d’Ounie Lecomte. »
Dès lors le ressenti provoqué sur le spectateur se révèle particulièrement intéressant. Cherchant lui-même ses repères face à ce personnage à la recherche de son identité. Une identité mise à mal autant pour Elisa que pour son entourage. Étant, elle, dans l’inconnu, c’est également son fils, Noé qui est perturbé par ses origines. Le teint mat, les cheveux frisés, il ne semble pas correspondre au physique de sa mère (Céline Salette donc) ni de son père (Louis-Do de Lencquesaing), laissant ainsi supposer à une adoption. La vérité sera ailleurs. De même, le travail identitaire passera au travers d’Annette (Anne Benoit), la mère biologique d’Elisa. Allant la voir pour des séances de kinésithérapie, n’osant pas lui avouer qui elle est, culpabilisant après tant d’années. Le besoin de renouer avec sa fille, de lui demander pardon, devient particulièrement émouvant au cours d’une séquence où, à l’issue d’une manipulation d’Elisa, Annette se voit placée en position fœtale et enlacée par sa fille.
Une symbolique forte – autour de la rencontre par le corps et le toucher notamment – que maîtrise la réalisatrice. Prenant le temps (parfois trop) de tisser leurs liens, de les faire évoluer et cela même physiquement. Parvenant sur un dernier plan à créer une ressemblance troublante entre les deux actrices – à laquelle on ne sait si elle est naturelle ou dû à notre esprit influencé -, Ounie Lecomte offre une œuvre, non pas exempte de certains défauts, mais en tout point touchante et déchirante.
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